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  Un crâne sans visage / Reliquaires  
  "Réparations" l'exposition  
     
  reparations  
  Photo du crâne trouvé sur la plage communale de Saint-françois  
     
 

En 2014, sur la plage communale de Saint-François, en Guadeloupe, François Piquet a trouvé au pied d'un cocotier la partie postérieure d'un crâne humain. L'exposition découle en grande partie de cette rencontre. Quand on ne peut pas faire comme si ce n'était pas arrivé.

Ce fragment de crâne est présent partout dans l'exposition : dans l'intention, dans les dessins, dans les photos de présentation, et dans les deux reliquaires permettant à chaque visiteur d'ouvrir un dialogue personnel avec cette histoire, de s'ouvrir à la Réparation. Car l'artiste a décidé de lui "réparer stature humaine". De le remettre à hauteur d'homme, sans voyeurisme.
Deux reliquaires abritent des représentations de ce morceau de crâne, et du sable de la plage des Raisins Clairs - qui est un ossuaire à lui tout seul, tant il est constellé de fragments d'os.

Dans un contexte où la Mémoire de la Traite s'affiche comme une priorité, attirer l'attention sur l'état d'abandon des nombreux sites mortuaires est un des objectifs de cette exposition.

NB : Des fouilles archéologiques récentes ayant confirmé sur le site la présence d'un "cimetière plantationnaire", il est d'abord apparu très probable que ce crâne sans visage soit celui d'un esclave. Cette hypothèse a été modérée par les professionnels (légistes, archéologues et anthropologues) consultés : si ce crâne est bien celui d'un être humain adulte, toute autre affirmation sur la personne qu'il fût est douteuse, toute volonté de vouloir assigner à ce crâne une identité définie comporte un risque d'irrespect et d'instrumentalisation.

 
     
  Ce fragment de crâne est présent partout dans l'exposition : dans l'intention, dans les dessins, dans les photos de présentation, dans les reliquaires, dans le sable de la plage - qui est un ossuaire à lui tout seul, tant il est constellé de fragments d'os. Il est là, à hauteur d'homme, sans voyeurisme.

 
     
 

Reliquaire noir
Bois de cythère et Pini calcinés, sable des Raisins Clairs, fragment d'os, carte postale du cimetière d'esclave.
160 x 80 X 70 cm.

 
  Reliquaire noir  
     
 

Reliquaire noir

 
     
   
     
     
  Reliquaire a Zié
Corail, bois de Campèche, lames de fer, cuivre, plexiglas, papier, visserie, sable des Raisins Clairs, fragments d'os.
180 x 60 x 50 cm.

Ce reliquaire abrite un fac-similé du crâne en papier. Collection du Musée Schoelcher.
 
     
   
     
   
     
     
   
  Vue d'atelier pendant la préparation de "Réparations"  
     
 

Tomber sur un os

Dans le courant de l'été 2014, sur la plage communale des Raisins Clairs de Saint-François, jouxtant le cimetière, ma fille a trouvé au pied d'un cocotier la partie postérieure d'un crâne humain, vraisemblablement sorti de l'eau par un baigneur, après un séjour visiblement long dans la mer. Et je n'ai pas pu faire comme si ce n'était pas arrivé.
Ne pouvant me résoudre à l'abandonner là à des comportements inadéquats, ni à le remettre à l'eau (ce qui serait revenu au même), je l'emportai. L'exposition qui est présentée découle en partie de cette décision.

Agnostique, je ne saurai statuer sur l'existence de formes spirituelles. Ce fût immédiatement pour moi une rencontre entre individus, à traiter avec la plus grande sincérité, dans le respect le plus total de l'autre. Je n'ai jamais envisagé être propriétaire de cet os. J'en suis juste dépositaire, jusqu'à ce que des conditions décentes et respectueuses d'accueil soient mises en place. Depuis, nous avons beaucoup échangé.

 
     
  Os sur la plage  
  Photo du crâne trouvé sur la plage communale de Saint-françois  
     
 

Un crâne sans visage

Des fouilles archéologiques récentes sont parvenues à la conclusion formelle que le site des Raisins Clairs abrite un "cimetière plantationnaire". Il m'est d'abord apparu très probable que ce crâne sans visage soit celui d'un esclave. Cette hypothèse a été invalidée par les professionnels (légistes, archéologues et anthropologues) consultés.

(…) "Il pourrait tout aussi bien s'agir d'un précolombien, ou bien d'un défunt d'après 1848, provenant par exemple du cimetière actuel tout proche du lieu de découverte. (…) il est important de savoir que l'érosion considérable de la côte dans le secteur de Saint-François a conduit à la destruction d'un nombre pratiquement impossible à déterminer de sépultures, à la fois du cimetière situé sur la plage, mais également du cimetière dit "Indien" situé à proximité. Quand à la présence de vestiges de l'époque amérindienne, on ne peut totalement l'exclure, des occupations précolombiennes ayant été observées au niveau de la pointe des Pies, près de la marina de Saint-François. Les courants marins longeant la côte dans ce secteur ont tendance à ramener les vestiges dans l'anse formée par la plage des Raisins Clairs où beaucoup viennent se piéger dans les massifs immergés de beach rock formant ainsi des amas d'ossements de provenances diverses. L'appartenance de ce crâne à l'une ou l'autre de ces populations est donc hélas impossible à déterminer." (…)

Si ce crâne est bien celui d'un adulte, toute autre déduction sur la personne qu'il était est douteuse. Toute volonté de vouloir assigner à ce crâne une identité définie comporte un risque d'irrespect et d'instrumentalisation. De ce crâne sans visage, de l'être humain qu'il était, nul ne sait rien : ni son sexe, ni son âge, ni sa langue, ni son origine, ni sa religion, ni sa vie, ni sa mort.
Quel qu'il soit, il est cependant issu de l'histoire de cette île, de notre histoire, comme tous ceux qui ont disparu et ceux qui sont là.

Réparer nos humanités

J'ai l'intime conviction que notre rencontre fortuite est un moment à transformer. Que le hasard se travaille. Et qu'il est d'accord. Evidemment je peux me tromper, et le prix à payer pour mon erreur peut être lourd. Je cours le risque. Je suis persuadé de la puissance de l'art pour créer des bouleversements profonds, et sinon à quoi bon ?
Il s'agit pour moi de lui réparer une stature humaine, de replacer ce crâne à hauteur d'homme. Simplement. Dignement. Pas plus, pas moins que nous tous. Avec nous. Je pense que le réparer symboliquement en tant qu'être humain peut permettre à chacun, chaque visiteur, d'ouvrir un dialogue personnel avec cette histoire, d'aller à la rencontre de notre histoire. De s'ouvrir à la Réparation.
Ce fragment de crâne est présent partout dans l'exposition : dans l'intention, dans les dessins, dans les photos de présentation, dans les reliquaires, dans le sable des Raisins Clairs - qui est un ossuaire à lui tout seul, tant il est constellé de fragments d'os. Il est là, à hauteur d'homme, sans voyeurisme.

Plages communales et profanations

Depuis longtemps, la présence d'ossements humains au bord du rivage de la plage communale des Raisins Clairs est régulière, voire quotidienne, explicable aussi par la présence du cimetière sur la plage, en amont du courant et sujet à une forte érosion. La zone n'avait pas encore subi l'érosion spectaculaire des derniers mois de 2015, qui a fait reculer le rivage de plusieurs mètres, mettant à découvert d'innombrables ossements humains. Ceux-ci ne présentent d'ailleurs pas les mêmes traces de séjour dans l'eau que le crâne trouvé.

Attirer l'attention sur l'état d'abandon des nombreux sites mortuaires - qui ont pourtant fait l'objet d'un travail assidu de la part d'associations guadeloupéennes depuis de longues années (notamment "Lanmou ba yo") - est un des objectifs de cette exposition. Il est malheureusement toujours d'actualité. Les dispositions actuelles (globalement inexistantes, malgré un contexte local où la Mémoire de la Traite s'affiche comme une priorité) ne permettent pas d'assurer aujourd'hui le respect à ces ossements. La situation actuelle est insoutenable. L'indignation légitime des derniers mois, relayée sur les réseaux sociaux, est une très bonne chose.
Des actions sont maintenant portées par une forte mobilisation et une émotion immense, qui aboutiront à des solutions de respect et de mémoire (sanctuarisation, information, reconnaissance, etc) en évitant les pièges de l'instrumentalisation, de la démagogie et de l'outrance. Ou pas.

 
 
     
  L'exposition "Réparations" est conçue autour de 5 axes:

- Un crâne sans visage / Reliquaires
- Réparations / Simulacres
- La fabrique du noir / Moun brilé
- L'école de la beauté / Ateliers pédagogiques
- Ce qui peut être sauvé
 
     
     
     
  Pour toute demande d'information : ISMproject@reparations-art.org
www.francoispiquet.com

François Piquet
169 rue Lethière
97180 Sainte-Anne, Guadeloupe, France
(+590) 690 36 86 24